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Nos remerciements au Canal Parlementaire pour sa compréhension à diffuser cette partie de l'émission

La Monarchie municipale de L'Anse Saint-Jean a été une forme de gouvernement légitime
unique au monde permettant à une municipalité de devenir un Royaume et d'avoir
un véritable Roi. Cette mutation avant-gardiste a été possible grâce à l'art actuel.

Pour me rejoindre : dpremier@uqac.uquebec.ca

la mention « Le navigateur pourra établir les liens en visitant les sites de LA MONARCHIE DE L'ANSE SAINT-JEAN et de L'ILLUSTRE INCONNU. Le premier site a été réalisé par la GALERIE SÉQUENCE en mars 1997 et a été conservé tel quel en tant que cyberpatrimoine de l'Art d'aujourd'hui. Le deuxième a été réalisé en septembre 2008 par Paul Antaya pour offrir au navigateur l'incroyable aventure de l'ILLUSTRE INCONNU.

VOICI LE RÉSUMÉ DE LA RENCONTRE ENTRE LE ROI DE L'ANSE ET DE LA BÊTE qui s'est prolongé pendant trois ans. Amusez-vous
à tenter de nommer la bête que vous rencontrerez vous aussi si vous amorcez un processus de libération collective

Il était une fois, un Roi… et une bête

Un petit village, L'Anse-Saint-Jean, soumis à un chômage chronique et frappé par un désastre naturel, instaure « la première Monarchie municipale des Amériques » le 21 janvier 1997. L'Illustre Inconnu est proclamé Roi municipal avec une majorité confortable de 73.9% lors d'un référendum historique et parfaitement légal. Denys Premier de l'Anse entre en scène aux cris de « I'Illustre Inconnu est mort! Vive Denys premier de l'Anse! ».

LA BÊTE OUVRE UN OEIL!

Cette innovation monarchique dérange bien des préjugés politiques, religieux, artistiques et communautaires mais intéresse les médias nationaux et internationaux. Le Roi donne près de 200 entrevues dans le monde dont Radio Tokyo, NTV de Russie et BBC de Londres. D’un seul coup, l’Anse-Saint-Jean se dote d’une renommée que lui envie bien du monde. Née grâce à l'art d'aujourd'hui, cette monarchie municipale est franchement démocratique, sans privilège pour le Roi, non héréditaire et d'inspiration française. Elle est née pour financer un projet d'art environnemental novateur, le projet Saint-]ean-du-Millénaire. Elle prend la forme d'une action artistique d'un genre inconnu jusqu’alors... Certains ont parlé de Roi-volution tranquille.

LA BÊTE OUVRE L’AUTRE OEIL!

Un véritable couronnement à l'Église vient contresigner la légitimité démocratique du régime distinct dès le 24 juin suivant. Plus encore, cette surprenante légitimité religieuse vient s'ajouter à une légitimité artistique indéniable... En effet, la réalisation des bijoux de la couronne anjeannoise est financée par nul autre que le Conseil des Arts du Canada puisqu'il s'agit "d'accessoires autant réels qu'artistiques". Dans le brouhaha indescriptible d'une couverture médiatique internationale, l'artiste-Roi municipal pousse l'audace, dans son premier discours du trône, jusqu'à interpeller la Reine Elisabeth II (alors en visite officielle à Terre-Neuve) pour lui demander l'impossible: accepter une monarchie québécoise distincte de la sienne permettant la Souveraineté politique du Québec sans la séparation légale d’avec le Canada... Bref « un Québec Indépendant dans un Canada Uni », pour reprendre la célèbre boutade d’Yvon Deschamps. Les thèses souverainiste et fédéraliste officielles sont mises ici à rude épreuve non sans un certain humour flegmatique presque britannique et non sans que les règles de l’art aient été suivies à la lettre.

LA BÊTE GROGNE!

Graduellement, le Royaume municipal prend une forme réelle et artistique malgré tous les freins que peuvent lui mettre certains décideurs régionaux et nationaux. Une fondation est crée pour recueillir les fonds devant permettre la réalisation du projet Saint-Jean-du-Millénaire. La Commission de Toponymie du Québec approuve officiellement les noms des 3 duchés, 9 comtés et 21 baronnies qui subdivisent dorénavant le Royaume municipal. Une monnaie royale "les del'Art de l'Anse" a cours légal pour stimuler l'économie. Une bière "la Royale de l'Anse" relance le brasseur de la municipalité. Un Musée Royal explique aux nombreux touristes toutes les dimensions de cette aventure. Un drapeau Royal vient fièrement flotter sur un territoire où règne l'art d'aujourd'hui... Des projets comme la construction d'un Château-Musée, la production de films canadiens, la valorisation de produits artisanaux locaux, l’utilisation commerciale ou touristique de la Monarchie se multiplient. Ces projets s'inscrivent dans un plan de développement communautaire et social approuvé lors d’un Sommet économique local. Tous ces projets surgissent naturellement, sans l’intervention des gouvernements supérieurs et, forcément, sans leur contrôle politique.

LA BÊTE SORT SES GRIFFES!

Le premier mandat Royal est de promouvoir le projet Saint-]ean-du-Millénaire et d'amasser près de 1 million de dollars nécessaires aux coupes sélectives, aux plantations spécifiques et aux constructions diverses (belvédères, etc.). L'immense fresque forestière de près de 1.2 kilomètre carré, représentant le visage et la main de Saint-Jean-Baptiste, se dessine de plus en plus à mesure que l'artiste-Roi et la fondation s'approchent dangereusement du but. Le Bureau du Millénaire Canadien annonce une participation financière de 260 000$, le Fonds québécois de lutte à la pauvreté envisage près de 300 000$, une grande chaîne de pharmacies approuve 100 000$, une grande papetière étudie 100 000$, des activités diverses donnent 50 000$...

LA BÊTE RUGIT!

Finalement, le Conseil municipal de l'Anse-Saint-Jean annonce une subvention de 100 000$ à même un remboursement inespéré des intérêts payés de la dette contractée lors du déluge de juillet 1996. Le Conseil municipal vient ainsi compléter l'échafaudage financier en payant ce qui représentera la part du milieu et remplir les dernières conditions de réalisation. Les travaux de nettoyage de la forêt sont même réalisés grâce à un programme d'emploi ( 24 000$). Un nouvel esprit de solidarité communautaire se propage spontanément. En effet, 109 forestiers du village acceptent de travailler gratuitement entre 2 et 4 jours pour les coupes sélectives... un don en temps équivalant à 35 000$… un don en temps impliquant presque la moitié des familles de l’Anse. À la surprise générale, Saint-Jean-du-Millénaire semble éviter l’apocalypse financière que lui réservaient d’obscurs manipulateurs sociaux pour enfin se lancer dans la réparation économique et sociale du nouveau «Royaume de L’Anse-Saint-Jean ». Les anjeannois peuvent enfin entrevoir des jours meilleurs et ce, doublement, grâce à l’Art.

LA BÊTE CHARGE!

Mais tout cet inconnu, si illustre soit-il, fait peur à trop de gens. Trop de questions fondamentales sont posées par le projet Saint-Jean-du-Millénaire et par cette petite monarchie municipale. Des plans sont échafaudés pour tuer cette nouveauté communautaire dans l'oeuf. Des médias électroniques et écrits de la région se concertent pour ridiculiser l'entreprise artistique et royale, réduire son impact national et international, isoler l'artiste-Roi et manipuler les élections municipales. Une véritable hystérie médiatique est façonnée de toute pièce à coups de caricatures mesquines et d'émissions humoristiques d'un goût douteux. Devant ce matraquage médiatique constant, la population anjeannoise se met à hésiter et les organismes subventionnaires et les donateurs se désistent un à un. Le statu quo « sociétal », toujours à l’avantage des puissants, doit être impérativement sauvegardé, même à l’échelle minuscule d’un village. L’exception, ici, ne confirme pas la règle, elle risque plutôt de la dérégler… en servant de précédent pour les plus petits.

LA BÊTE MORD!

Une première tentative de prendre le contrôle municipal en élisant un maire franchement hostile au Roi échoue de justesse. Deux ans plus tard, une résistance locale à l'octroi de la subvention municipale est orchestrée par un comité de citoyens (largement subventionné) dans le contexte d'une élection municipale partielle. Une pétition circule et des assemblées houleuses n'ébranlent pas le courageux conseil municipal. Le tout se règle aux élections lorsque 4 conseillers "réfractaires" prennent enfin le contrôle municipal (7 membres). Officiellement, ni le Roi ni le projet n'étaient en cause mais seulement la subvention municipale de 100 000$. Pourtant, il était évident et notoire que cette machination avait pour but de stopper le projet décidément trop éclatant et d'enlever au Roi toute marge de manoeuvre. L’artiste-Roi, qui avait anticipé le pire, avait déjà pris ses distances pour ne pas intervenir dans le débat électoral. Il abdique élégamment le 14 janvier 2000 en « offrant son pardon à ses détracteurs ». L’Anse-Saint-Jean redevient ce qu’il a toujours été : un bucolique petit village qui n’en finit pas de survivre à petit feu.

LA BÊTE RENTRE CHEZ ELLE!

L'Art avait régné sur un petit territoire canadien pendant trois années consécutives. C’est peu mais suffisant pour prouver « qu’il y a une faille dans toute chose et que c’est par là qu’entre la lumière » (Léonard Cohen). Cette « faille » dans le mur épais de l’obscurantisme aveugle, sourd et imposé est devenue un fait historique dont on va, à coup sûr, tenter de colmater le souvenir. Mais tous les mensonges du monde et toutes les mesquineries de la race humaine ne pourront effacer complètement cette toute petite vérité majestueuse.

LA BÊTE S’EST RENDORMIE!

OUF!

Denys premier de l’Anse
Prince non-régnant de l’Anse-Saint-Jean
qui ¨pense¨ et panse ses plaies.





La Monarchie municipale de L'Anse-Saint-Jean a été instaurée

le 21 janvier 1997 à midi dès l'annonce du résultat du référendum.

Le projet

St-Jean-du-Millénaire


©Galerie Séquence (1997)